Bonjour!
L’article d’aujourd’hui est en français pour changer et ne porte pas sur un modèle de montre particulier, mais sur une dynamique qui s’observe de plus en plus depuis quelques années dans le monde de l’horlogerie: les micro-marques. Le phénomène est déjà largement documenté sur les sites anglo-saxons, mais peu sur les blogs francophones, et je trouve cela dommage; il est en effet désormais clair qu’il faut compter sur ce type de marques sur la durée, et que c’est plutôt une bonne chose!
Qu’es ce qu’une “micro-marque”?
Commençons par le commencement, à savoir ce qu’est une “micro-marque” horlogère. Les micro-marques sont, comme leur nom l’indique, des petites marques souvent (mais pas toujours) de création récente, produisant des montres. Parmi leurs caractéristiques communes, on peut notamment citer:
– Elles appartiennent à des individus et non à des groupes
– Elles n’ont pas de représentation officielle et ne se trouvent pas dans des magasins, on ne peut donc se les procurer que en ligne, et souvent uniquement sur les sites desdites marques. Ceci leur permet de se passer d’un intermédiaire dans la vente, et de proposer des prix un peu plus abordables à leur clientèle
– Les montres ont peu voir pas du tout de composantes “faites maison”, il s’agit essentiellement d’acheter des pièces à des sous-traitants, puis de les finir et les assembler en atelier. Ceci est également valable pour beaucoup de marques abordables comme Hamilton, Mido etc, qui sous-traitent également une large partie des pièces de leurs montres. La différence étant que les micro-marques sont transparentes sur ceci, à l’inverse de la majorité des grandes marques.
– Par définition, une micro-marque ne possède donc pas d’usine. Si elle s’en dote, elle devient une “marque” normale.
– Elles emploient peu de personnes à temps plein, du fait de leur taille
– Les mouvements sont de source externe. Pour les marques les plus abordables, il s’agit généralement de version commerciales de mouvements Seiko ou Miyota, qui sont robustes et peu onéreux à l’entretien. Les modèles les plus chers sont équipés de mouvements suisses d’entrée de gamme comme les Satellitas, eux-aussi très robustes, précis et (relativement) peu onéreux d’entretien.
– On distingue deux catégories essentielles de micro-marques: celles qui basent leur plan de croissance sur des montres “hommage” à de grands noms et modèles, et celles qui sont plus audacieuses dans leur coup de crayon, pour parvenir à offrir de réelles nouveautés au marché. C’est celles-là qui m’intéressent le plus, même si je comprends parfaitement l’utilité d’avoir des options abordables aux grands modèles d’horlogerie – je possède d’ailleurs moi-même une NTH Barracuda qui rend hommage de manière très évidente à la Tudor Black Bay.
Quel est l’intérêt des micro-marques par rapport aux marques traditionnelles? Il y a un peu plus d’un an, je me posais la question sans vraiment savoir quoi répondre. En effet:
– Beaucoup de micro-marques se limitaient encore aux modèles “hommages” à des modèles plus chers
– Seiko, avec son offre pléthorique et abordable, remplissait à mon sens assez bien ce segment de prix, avec un rapport qualité/prix difficile à battre, une grande variété de modèles, et un historique donnant une forte “aura” horlogère à la marque
– J’avais peu de recul, donc de la méfiance, sur la qualité de fabrication des montres de micro-marques, ce qui ne me poussait pas à franchir le pas.
Depuis, les choses ont changées et je peux sans problème recommander un certain nombre de micro-marques. En voici les raisons principales.
Les avantages des micromarques
Un design de plus en plus souvent original et audacieux
Les micro-marques sortent progressivement du “copier-coller” pour proposer des montres vraiment différentes aux acheteurs. Certaines, comme E.C. Anderson ou Aevig, proposent depuis longtemps des designs originaux à leurs clients. D’autre, comme Steinhart, réputé pour ses hommages aux Rolex Submariner, tentent désormais aussi leurs propres dessins, bien que moins audacieux. Enfin, même celles qui continuent à fabriquer essentiellement des hommages, le font de plus en plus avec une touche personnelle. Je pense ainsi à NTH, qui avec sa Nacken Vintage White, rend clairement hommage à la Tudor Pelagos, mais avec un cadran tout en lumabrite lui donnant un caractère unique, plus vibrant et sportif que ce que Tudor propose, tout en gardant les mêmes codes visuels. Pour résumer, on trouve de plus en plus de variété à prix abordables dans le catalogue des micro-marques, et chacun pourra y trouver son bonheur!
Un rapport qualité/prix généralement intéressant
Ce n’est pas le cas pour toutes les micro-marques, mais la majorité propose des montre de bonne qualité pour des prix très compétitifs par rapport à la concurrence “mainstream”. On trouve ainsi des montres automatiques correctement finies dès les 250 Euros, ce qui devient de plus en plus rare depuis que Seiko s’éloigne de ce segment. Même en montant dans les prix, que ce soit autour de 500, 700, 1000, voir plus, on trouve généralement des montres de micro-marques à meilleur rapport qualité-prix que les grandes marques pour chaque segment, en regardant leurs spécifications de près.
Ceci s’explique essentiellement par leur business plan, centralisé autour de l’assemblage et la vente directe, sans passer par de grandes campagnes de publicité et des magasins intermédiaires situés dans les quartiers chics, donc chers, des grandes villes. Ils se passent donc de budget publicité et d’un intermédiaire coûteux dans la chaîne, ce qui se répercute sur le prix. A noter également qu’à l’usage, ces montres sont généralement abordables à entretenir, car elles utilisent des mouvements dont les pièces sont facilement disponibles et peu coûteuses.
La transparence dans les composants
Je l’ai dis dans l’introduction, mais les micro-marques sont généralement très transparentes par rapport aux composantes de leurs montres. Ils n’essaieront ainsi pas de vous vendre leurs mouvements comme “maison” juste parce qu’ils ont mis un rotor gravé sur un Satellita (pratique courante dans les grandes marques abordables), ils diront simplement que leurs montres ont un Satellita. Ils n’essaieront pas de vous vendre une variante de “Swiss” suite à une gymnastique verbale et réglementaire, et assument parfaitement la provenance asiatique de certaines de leurs pièces, provenance partagée avec les grandes marques qui elles ne s’assument pas. Cette transparence est à féliciter et encourager, dans un monde horloger qui en a souvent manqué.
Des séries généralement limitées en nombre
Les micro-marques sont de petites entreprises dont la capacité logistique et d’assemblage ne permet pas la production de grandes séries de milliers de montres chaque année. Qu’un modèle soit dit “série limitée” ou pas, la production des modèles des micro-marques est généralement très inférieure en nombre à celles de grandes marques comme les Hamilton, Longines ou Seiko par exemple. Vous aurez donc beaucoup moins de chances de croiser quelqu’un qui porte la même montre que vous dans la rue ou lors d’une soirée.
Des montres crées par des passionnés
Les micro-marques appartiennent à des individus, souvent (relativement) jeunes et passionnés, qui ne passent pas par quatre chemins pour faire parler leur passion dans la production de leurs montres. Cela se remarque par le choix des priorités, généralement tournées autour du plaisir d’usage des acheteurs, avec beaucoup plus d’audace que les marques “mainstream” enfermées dans des codes obscures et ancestraux. Je me réfère par exemple au fait qu’un grand nombre de micro-marques utilisent des insères de lunettes rotatives en céramique plutôt qu’en acier ou aluminium pour augmenter leur résistance aux rayures, leur usage sans restriction de lumabrite y compris dans lesdites lunettes, l’usage fréquent de verres en saphir bombé pour accentuer le caractère vintage de leurs montres… Je ne peux qu’applaudir cette audace tournée autour de notre plaisir, qui manque trop souvent aux fabriquants traditionnels de montres, à moins de dépenser des milliers d’Euros dans un modèle haut de gamme.
Un mode financement par tranches sans intervention bancaire
La plupart des micro-marques ont besoin de pré-financement pour lancer la production de leurs nouvelles séries. Pour y parvenir, elles proposent à leurs acheteurs différentes options d’achat anticipé: les 100 premiers achèteront la montre à son prix plein – 30%, les 100 suivants à -20%, , et les suivants au prix plein. En plus de ceci, comme les premières commandes se passent plusieurs mois avant la livraison du produit, seul un paiement partiel est parfois demandé par certaines marques, par exemple 50% au moment de passer la commande, et 50% quelques mois après juste avant la livraison. Cette facilité de paiement de fait peut-être utile pour les bourses limitées comme les miennes.
Un contact direct avec les propriétaires des marques
Les micro-marques sont de petites entreprises, aussi il n’est pas rare d’avoir l’occasion d’échanger directement avec leurs propriétaires lors de la commande d’une montre. Ceci est certes psychologique et n’a pas d’impact sur la qualité de la montre, mais cela compense le fait de ne pas être reçu comme un roi chez un horloger: on est reçu virtuellement directement par le fondateur de la marque. De quoi se sentir un peu plus important l’instant d’un achat!
Un service après vente généralement plus personnel et efficace
Ce n’est pas vrai pour toutes (il existe des “mauvais numéros” dans tous les secteurs), mais la majorité des micro-marques ont un SAV très efficace, que ce soit par mail ou directement par chat sur leur site web. Encore une fois, la taille de l’entreprise joue, et permet de passer plus de temps à chercher des solutions à chaque demande. Ceci est très important pour des acteurs dont le seul moyen de commercialiser leurs produits est la vente directe par internet. Ils se doivent donc d’avoir un SAV irréprochable pour gagner et fidéliser des clients qui achètent des produits sans les voir au préalable, ce qu’ils font généralement très bien.
Possibilité de personnaliser ses montres (parfois)
Enfin, certaines micro-marques donnent l’option à leurs acheteurs de personnaliser leur montre lors de leur commande. On peut ainsi souvent choisir le même modèle avec ou sans complication date, avec ou sans lunette rotative, avec une lunette 12h/GMT ou compteur de plongée 60 minutes, parfois la couleur et la matière de la lunette, voir faire graver quelque chose sur le boîtier. De quoi rendre sa montre la plus “parfaite” possible selon chaque usage personnel.
Pour résumer tous ces points, on peut donc conclure que l’univers des micro-marques permet à tout un chacun de porter une montre vraiment différente des autres, à prix abordable, et avec le confort moral offert par un excellent SAV.
Micromarques: les côtés moins fun
Nous venons de voir que la récente montée en puissance du phénomène des micro-marques propose des perspectives intéressantes aux collectionneurs de montres. Il faut cependant également garder en tête certains éléments un peu moins positifs lors d’un achat de montre de micro-marques. En voici quelques uns.
Les limites des “hommages” en terme de personnalité
Ce premier point ne concerne que quelques marques et modèles, puisque nous avons vu précédemment que beaucoup de micro-marque s’éloignent désormais de cette approche pour une plus originale. Reste que des dizaines d’options de modèles de montres hommages sont disponibles sur le marché, dont une (NTH Barracuda Vintage Black inspirée des Tudor Black Bay) que je me suis acheté cet été. Donc si vous considérez un tel achat, retenez tout de même sa limite: bien que très bien construites, ces montres n’auront jamais ni le niveau de finition, ni l’aura de leurs aînées originales. Elles donnent donc un avant-goût intéressant de ce genre de modèle sur votre poignet, mais n’effaceront pas forcément complètement votre envie d’acheter l’originale. Sautez le pas tout de même si cela correspond à votre besoin du moment, comme je l’ai fais avec mon NTH, mais en connaissance de cause.
Une valeur de revente fragile
Difficile d’établir une règle absolue, certaines micro-marques se revendant sensiblement mieux que d’autres (souvent en fonction de leur disponibilité – ou pas- sur le marché neuf), mais d’une manière générale on peut dire que les montres de micro-marques tiennent sensiblement moins bien leur valeur que les montres de marque. Si sur des grandes marques une montre en bon état perdra 20-25% de sa valeur à la revente (sauf exceptions), cela sera plutôt autour de 30-35% pour une micro. Ce n’est pas un drame en sois, le prix total des micros n’étant pas très élevé, 10% de plus ou moins ne devrait pas vous mettre à la rue. Mais à garder en tête.
Moins de reconnaissance
Un des aspects négatifs des micros vient de leur faible connaissance par le grand publique, en raison de leur fabrication limitée, ainsi que de l’absence de publicités les concernant. Il y a du pour et du contre dans ceci:
– Pour ceux qui, comme moi, portent une montre par intérêt et non par prestige, le port d’une micro peut créer des conversations avec d’autres personnes qui s’intéressent à l’horlogerie mais ne sont pas familières avec cette tendance.
– Le côté négatif, pour ceux qui recherchent le prestige, est qu’une montre de micro-marque embellira votre poignet sans le rendre soudain “bling”,et sans faire passer un message socio-économique particulier. En gros, une micro-marque n’apporte pas le même prestige qu’une Rolex ou même une Longines, même si dans la réalité la première réaction devant une Rolex est “c’est une vraie?” plutôt que “waouw!”. Les temps changent…
Un foisonnement qui risque de devenir illisible
Comme tout le monde le sait, “trop de… tue le…”. Ce fameux dicton s’applique aussi aux micro-marques: suite au succès récent de quelques entrepreneurs, il semble qu’une nouvelle micro est crée chaque semaine, avec plus ou moins d’originalité et de réussite sur la table. Ceci a tendance à brouiller les cartes, et un non-initié a vite fait de se perdre dans ce méandre, ou le médiocre côtoie parfois le “bon”, voir le “excellent”. Il convient de savoir ou l’on met les pieds avant de se lancer! On peut par exemple citer des exemples ou des usines de fabrication de fausses Rolex ont simplement équipé leurs boîtiers de mouvements reconnus avant d’essayer de se faire passer pour des “micro-marques”, alors qu’il s’agissait de contrefaçon recyclée avec un autre logo que le “Rolex” falsifié. Heureusement, ce genre d’exemple est très rare, et il y a aujourd’hui suffisamment de micro-marques reconnues sur le marché pour pouvoir éviter ce genre de risques lors d’un achat.
L’absence d’aura historique
Si les micro-marques proposent de très jolies montres bien finies, elles ne disposent pas de l’héritage horloger de marques comme Omega, Longines, Seiko pour ne citer qu’elles. Tout le monde n’est pas sensible de la même manière à cette considération très abstraite et subjective, mais certains collectionneurs “hardcore” ne parviennent pas à trouver une “âme” à leur montre si leur logo ne représente pas une histoire horlogère particulière. Je ne suis aucunement concerné par ce problème, mais j’ai vu quelques personnes s’en plaindre sur les réseaux sociaux. Encore une fois, chaque personne porte une montre pour des raisons différentes, raison pour laquelle il n’existera jamais de montre universellement parfaite. Mais si votre attrait porte plus sur l’histoire de l’horlogerie se cachant derrière un cadran que sur la montre elle même, les micro-marques ne sont sans doute pas pour vous.
Délais d’attente et séries limitées: quand c’est l’heure, c’est l’heure, quand c’est plus l’heure, c’est plus l’heure
Acheter une montre de micro-marques est un acte beaucoup plus sensible au temps que l’achat d’une montre de grande marque. Ainsi:
– Pour bénéficier du meilleur prix, il faut généralement passer sa commande dans la semaine suivant le lancement officiel des commandes, voir dans les jours, faute de quoi la catégorie au-dessus sera appliquée à notre achat
– Même en payant les montres au prix coûtant, il faut se presser pour les modèles à succès, car les capacités de production limitées de certaines marques font qu’il n’y en a pas toujours pour tout le monde. Mon NTH Barracuda est par exemple réapprovisionnée chaque quelques mois, et lesdits modèles se vendent en quelques jours, avant que ne s’affiche l’inévitable mention “épuisée”.
– Il faut souvent passer commande plusieurs semaines, voir mois avant de recevoir sa montre, les micro-marques fonctionnant sans stock, donc pour beaucoup en pré-commande.
– Beaucoup des séries de montres de micro-marques qui cessent d’être produites ne reviendront jamais.
Acheter une telle montre ressemble donc parfois plus à une traque qu’à un simple achat en ligne en quelques cliques. Certains comme moi apprécient ce côté “chasseur de vagues” du marché de la micro-marque, qui contribue au plaisir de finalement recevoir l’objet convoité. D’autres s’en accommodent peu.
L’impossibilité d’essayer une montre avant achat
Le plus gros défaut des achats de montres de micro-marques est lié au fait qu’elles ne se trouvent qu’en ligne. Si cela permet d’en réduire les prix, cela veut aussi dire qu’il n’est pas possible de les essayer avant achat, à moins de connaître quelqu’un qui en possède une. Et, comme nous l’avons vus plus haut, ce genre de situation est plutôt rare. Fort heureusement, de nombreuses marques acceptent le retour d’achat si les étiquettes sont encore sur la montre, et à défaut il existe un marché de l’occasion de plus en plus actif en la matière. Enfin, les micro-marques ne lésinent pas sur les précisions quand aux spécifications des montres qu’elles vendent, comme par exemple le fameux “lug-to-lug” ou “corne-à-corne” si important pour savoir si une montre dépassera du poignet ou pas. Ceci permet de se lancer un minimum informé et d’éviter les mauvaises surprises.
Micromarques: quelques exemples
Dans la dernière partie de cet article, je vous propose donc quelques exemples de micro-marques que je trouve intéressantes, et certains de leurs modèles. Mes choix ne feront pas l’unanimité, et certains d’entre-vous en préféreront d’autres, si c’est le cas n’hésitez pas à les mentionner dans les commentaires de cet article! Allons donc, sans aucun ordre particulier si ce n’est pour les deux premières!
Stowa et la Flieger
Je vais en effet commencer par deux micro-marques dont je possède des montres. La première peut surprendre, puisqu’il s’agit de Stowa, la fameuse marque historique des Fliegers (montres de pilotes allemandes), déjà construites par la marque durant la 2e guerre mondiale! Oui mais voila, depuis,la marque a changé plusieurs fois de mains sans jamais entrer dans des groupes, s’est débarrassée de ses usines, fonctionne exclusivement par assemblage de pièces sous-traitées et ne vend plus que par internet. Elle remplit donc les critères objectifs d’une micro-marque!
Avec ses 40mm de diamètre, son mouvement ETA à remontage manuel, son cadran iconique que j’appelle “le bauhaus des montres de pilote”, la Stowa Flieger est l’une des montres préférées de ma collection depuis plus de deux ans, et je ne compte jamais la revendre! La marque propose cependant de superbes autres modèles au style toujours épuré mais raffiné. La revue -en anglais- de ma Stowa Flieger est disponible ici. J’en ferai une en français dans les semaines à venir, en fonction de mon temps libre disponible.
Compter 1000 Euros tout de même pour le modèle historique, mais la montre les vaut avec sa finition irréprochable et son mouvement ETA/Satellita en finition Top.
NTHet ses Submariners
La deuxième marque que je mentionne ici est NTH. Elle s’est spécialisée dans une forme de boîtier, fortement inspiré de la Rolex Submariner, qu’elle décline dans des dizaines de cadrans différents. Certains rappellent des Rolex, d’autres des Tudor, d’autres s’inspirent de plusieurs marques dont Omega sans vraiment ressembler à aucune. La recette est simple mais l’exécution très efficace, et leurs modèles sont souvent épuisées. J’ai pour ma part opté pour la Barracuda Vintage Black, qui rend gracieusement hommage aux Tudor Black Bay, avec sa touche de personnalité grâce à ses index au format “sandwich”, donc avec un relief négatif. La revue complète de la NTH Barracuda – en anglais- est disponible ici.
Compter entre 650 et 700 Euros la montre selon les modèles, leur revendeur officiel en Europe est SeriousWatches
Je n’ai jamais possédé de montres des marques suivantes, mais en ai lu suffisamment de bien sur les réseaux sociaux pour pouvoir les recommander sans trop d’hésitations.
La prochaine marque, E.C.A, d’origine suédoise, a adopté une démarche résolument différente à celle choisie par NTH, puisqu’elle repose sur des coups de crayons plus qu’originaux. Leur dernière sortie, la “Denise” en référence au sous-marin du Commandant Cousteau, ne ressemble à aucune autre plongeuse, mais est néanmoins magnifique! Leur prix est par contre relativement cher pour des montres équipées de mouvements japonais Miyota, très robustes mais bon marchés. Cela étant, la singularité a un prix, que E.C.A a du payer pour parvenir à un design aussi singulier et joli que celui de la Denise, et il faut bien l’amortir!
Compter environ 900 Euros pour la Denise, disponible sur le site de ECA.
Le prochain exemple est une autre micro-marque scandinave, Aevig, qui se distingue elle aussi par des coups de crayons originaux qui rendent leurs montres relativement uniques en leur genre. Ceci est particulièrement vrai pour la “Corvig”, un modèle de “montre de terrain” (ou “fieldwatch” en anglais) qui ne ressemble à aucune autre que je connaisse, tant au niveau de son cadran que de sa couronne positionnée à 2h. C’est également vrai, même si dans une moindre mesure tant on voit certaines sources d’inspirations, pour leur sortie la plus récente, une superbe plongeuse prénommé “Huldra”, au design qui rappelle les plongeuses de la belle époque – les années 70-, et que je me serais volontiers procuré si je ne la trouvais pas un tout petit peu trop large pour mon poignet de poulet.
Compter 650 Euros pour la Huldra, et 500 pour la Corvid.
Bien que la marque allemande ne fasse pas partie de mes favorites, je dois la mentionner ici, car elle est adulée par beaucoup de personnes sur les réseaux sociaux. Elle se distingue essentiellement par des montres hommage à Rolex de très bonnes factures. Si ce type de montre est ce que vous recherchez, il vous sera difficile de trouver mieux ailleurs (la seule alternative évident me venant à l’esprit étant Squale). Elles ne m’attirent pas particulièrement en raison justement de cette tendance trop prononcée à l’hommage de Rolex, et de leurs boîtiers généralement plats comme des assiettes, ce qui rend les montres moins faciles et confortables à porter sur de petits poignets comme le mien. Notons que ces deux défauts s’appliquent également à la NTH Barracuda, que j’ai tout de même finis par acheter, et dont je suis très content. Comme quoi l’horlogerie n’est pas toujours question de raison!
Compter environ 700 euros pour leurs modèles “Premium”, et 500 pour leurs modèles classiques, disponibles sur le site de Steinhart.
Lorier est une autre marque s’inspirant des montres des années 70 pour les remettre au goût du jour dans des montres très personnalisées. J’ai un faible pour leur modèle “Hydra”, mais l’ensemble de leur gamme, composée de 4 modèles, réussi et cohérent, donne une réelle identité visuelle à la marque!
Compter 400 USD pour la Hydra équipée du mouvement Seiko NH35, disponible sur le site de Lorier.
Straton est une marque américaine qui semble se spécialiser dans les montres “funky”, à porter les jours de week-end ensoleillés! Ils proposent des modèles pour tous les budgets, à mouvements quartz ou automatiques, et font partie des micro-marques les plus visibles sur les réseaux sociaux! Leur dernière sortie, la Tourer, est disponible en différentes variations triple-calendrier, GMT ou 3 aiguilles. J’ai toujours été attiré par ces montres, mais n’ai jamais pu m’en procurer une en raison d’un budget limité et d’autres sorties que j’estime plus prioritaires pour mes besoins personnels.
Compter 420 USD pour la Tourer 3 aiguilles équipée du mouvement Miyota 9015, disponible sur le site Straton.
La marque suivante propose également une approche différente aux micro-marques: là ou la plupart se concentrent sur les segments en-dessous de 1000 USD avec des spécifications et finitions très bonnes mais comparables à ce segment, Brellum vise le segment de prix plus élevé, avec des composantes et finitions plus raffinées. Elle fait également partie des rares micro-marques qui peuvent s’enorgueillir de remplir les critères pour arborer le label “Swiss”.
Compter 2550 Francs Suisses pour leur magnifique chronographe Duobox équipées d’un mouvement suisse certifié COSC. Disponible sur le site Brellum.
Je vais terminer par deux marques qui ont une place spéciale dans mon coeur, car il est 100% certain que je me les procurerai en 2020 tant je les apprécient.
La première est Nodus, une marque relativement discrète, mais qui propose des montres au design très original, et d’une attention au détail qui semble un cran au-dessus de la concurrence, notamment au niveau de leurs boitiers. On remarque ainsi que ces derniers sont généralement sublimement courbés pour épouser la forme du poignet, alors que beaucoup (trop) de micro-marques se contentent de boitiers pratiquement plats. On devine également une certaine inspiration Seikoesque qui n’est pas pour me déplaire, s’agissant des variations entre les surfaces polies et brossées.
Enfin, tous les éléments de leurs montres semblent avoir été dessiné avec une grande attention sur leur fonctionnalité, il en est ainsi des couronnes, toujours de dimension substantielles pour permettre une manipulation plus aisée et agréable. Leurs récentes sorties, les Sector et Duality, en sont de parfaits exemples, et ma première Nodus viendra d’une de ces deux lignes. Cerise sur le gâteaux, elles coûtent autour de 500 USD seulement!
Compter 700 USD pour la Duality équipée du Miyota 9015, 425 USD pour la Sector équipée d’un mouvement Seiko NH35. Disponibles sur le site Nodus.
Ma dernière mention est un véritable coup de coeur, puisqu’il s’agit de Direnzo. Cette marque a été crée par un architecte, et cela se ressent dans le coup de crayon de ses deux modèles. Il s’agit sans discussion possible des montres au design le plus original et audacieux de toutes les micro-marques que je connaisse… et le résultat final fonctionne à merveille!
La DRZ02 ressemble à une soucoupe volante posée sur le poignet, mais avec grâce et classe! Impossible de ne pas tomber amoureux de ses courbures, et impossible de ne pas commencer une discussion en la voyant! Je me la serais procurée en bleu si mon poignet n’était pas aussi fin, sa forme se prêtant peu aux poignets de poulets.
La DRZ03 est un autre coup de crayon exquis, dont le cadran semble s’inspirer d’une éclipse solaire. Jamais je n’ai eu de coup de foudre aussi fort du premier regard avec une plongeuse. Elle ne ressemble à rien d’autre qu’à elle même, mais donne l’impression que son dessin est intemporel, comme sorti des années 70 sans avoir jamais existé auparavant. Il faudra être rapide pour l’obtenir au meilleur prix, car je ne suis pas le seul chez qui elle fait cet effet! Le lancement des commandes est prévu mi-février, pour les premières livraisons vers le milieu de l’année.
Compter 700 USD pour leur DRZ02 et DRZ03 équipées du mouvement suisse Satellita SW200. Disponibles sur le site Direnzo
Micromarques: ma conclusion
Pour conclure sur ce post, et vous l’aurez tous désormais compris, je suis assez conquis par l’univers des micro-marques et leur offre, qui tend à être de plus en plus intéressante au fil du temps. Les marques affinent leurs modèles, filtrent leurs fournisseurs, améliorent leur coup de pinceau au fil du temps, et cette évolution est vraiment intéressante à observer. Elle répond de plus assez bien à deux tendances actuelles que je trouve fâcheuses chez les grandes marques:
– Une audace de plus en plus limitée dans leurs nouveaux modèles, qui sont souvent soit de subtiles variations de modèles existants, soit des “resorties” de leurs modèles à succès des années 70-80. C’est souvent joli, mais pas forcément différent ni audacieux, il y avait donc un créneau à prendre au niveau “design”
– Au niveau tarifaire également, les grandes marques ont tendance à revoir leurs grilles à la hausse, laissant des espaces à prendre pour ces nouveaux venus.
Cela étant, il faut garder toute proportion: les micro-marques remplissent un espace, mais ne se suffisent pas à elles-mêmes. Elles dépendent en effet d’un marché tiré de l’avant par les grandes marques,leur histoire, leur aura et leurs publicités, ce sont avant tout elles qui attirent de nouveaux clients vers le monde de l’horlogerie. Le monde des micro-marques reste donc pour l’instant un monde essentiellement d’initiés, réservé aux personnes qui sont déjà tombés dans la potion horlogère par l’achat de montres plus “mainstream”. Elles sont là pour ajouter une touche de “fun”, de différence, voir d’excentricité à des collections existantes, pas pour les remplacer.
Merci d’avoir pris le temps de lire cet article. Je sais avoir passé pas mal d’informations et autant d’exemples de marques qui mériteraient d’être citées ici, mais il faudrait alors un livre entier pour être pleinement exhaustif. J’essaierai de continuer à vous parler de temps en temps des nouvelles sorties des micro-marques dans ce blog. En attendant, si vous souhaitez vous renseigner plus sur le sujet de votre côté, n’hésitez pas à consulter régulièrement les sources suivantes, qui sont malheureusement en anglais, mais les photos sont elles universelles 🙂
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